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Être une femme
 À toi qui me dis que le sexisme est chose du passé, que l’égalité a été atteinte, que les féministes ne sont que des lesbiennes frustrées. À toi qui me dis que nous sommes exagérément égalitaires dans nos propos, que les femmes se plaignent trop, que nous voyons le sexisme partout. Laisse-moi t’expliquer en quoi consiste être une femme parce que, clairement, tu ne t’es jamais mis à notre place.
Être une femme, c’est se faire dire sans relâche que de recevoir un coup dans les testicules est pire que tout alors qu’on souffre de crampes une semaine par mois. Sans compter le syndrome prémenstruel. Ni l’anxiété et le manque de concentration liés à la peur de se tacher. Ni les difficultés mentales telles que des montagnes russes émotionnelles, des crises d’angoisse et des dépressions qui résultent des hormones inconstantes. Ni tous les tabous qui entourent les menstruations. Tu vas écouter un film d’action où le héros se fait blesser et où il saigne abondamment, mais tu vas être dégoûté quand je vais te dire que j’ai mes règles, franchement ! Dans certaines religions telles que l’hindouisme, les menstruations sont considérées comme tellement impures que les femmes sont bannies de leur maison pendant leurs règles. À force d’être isolées dehors, certaines finissent par mourir des mauvaises conditions, comme le froid. Tout ça parce qu’un phénomène totalement naturel et normal est considéré comme « dégueu ». Ensuite, on se fait dire : « Oui, mais un coup dans les testicules, c’est pire ! »
Être une femme, c’est d’avoir 9 fois plus de chance (je devrais plutôt dire de malchance) que les hommes de se faire agresser sexuellement. C’est d’avoir peur parce qu’avec le mouvement #metoo, on réalise que c’est beaucoup plus fréquent qu’on le pense. C’est de savoir que 1 femme sur 3 a été victime d’agression sexuelle depuis ses 16 ans. C’est de ne
pas oser en parler parce que seulement 3 plaintes sur 1000 se soldent par une condamnation et que 60 % des victimes ne sont pas crues par leurs proches. Les fausses accusations font la une des réseaux sociaux (qui n’a pas entendu parler d’Amber Heard?) et on finit par oublier tous les véritables cas où les victimes n’ont pas été crues. Après tout, pourquoi est-ce que le petit 2 à 8% que représentent les fausses accusations réussit à enterrer les tonnes de véritables plaintes ?
Être une femme, c’est être détestée par certains pour la seule et unique raison que nous sommes des femmes. Tu connais Incel? Il s’agit d’un type de groupe majoritairement composé d’hommes blancs, hétérosexuels et cisgenres qui accusent les femmes d’être responsables de leur insatisfaction romantique et sexuelle (Incel venant de involontary celibate ou célibataire involontaire). Actifs sur de nombreux réseaux sociaux, ces groupes misogynes prônent la violence contre les femmes et même les viols! Ils glorifient les auteurs de tueries antiféministes, comme Elliot Rodger (s’est rendu à une maison de sororité avec la volonté de tuer toutes les étudiantes, causant 6 morts), Alek Minassian (a foncé sur un trottoir à bord d’une fourgonnette, causant 10 morts) et Marc Lépine (a tué des étudiantes et une secrétaire de l’École polytechnique de Montréal, causant 14 morts). Jean-Claude Rochefort, un membre de groupes Incel, honorait Lépine au point où il voulait créer une nouvelle fête:
Rochefort proférait des menaces de mort aux femmes, prônait la violence faite à celles-ci et remerciait littéralement Lépine d’en avoir tué. Jean-Claude Rochefort s’est récemment fait arrêter pour possession illégale d’armes à feu, propos haineux et incitation à la violence. Deux ans, c’est la peine d’emprisonnement maximale qu’il pourrait obtenir. Deux ans, puis ce prédateur se retrouve une nouvelle fois dans le monde extérieur. Deux ans, et les féministes se retrouvent à nouveau à sa merci. Savoir que plein d’autres dangereux misogynes comme lui marchent librement dans les rues tous les jours, ça fait sérieusement peur. Et peu importe le nombre de fois où tu me diras que ce ne sont pas tous les gars qui sont comme lui et que je capote pour rien, je continuerai de me promener avec mes clés entre mes doigts par précaution, on ne sait jamais qui on rencontrera...
 la Saint-Marc-Lépine !
Sur ses
blogues,
Adèle Létourneau-Vachon
4e secondaire
ZIG ZAG - La voix des jeunes de la MRC du Granit SECONDAIRE
  




















































































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