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 Prenons le temps
de vivre ensemble
 La direction que prend notre vie est en fonction des décisions que nous prenons.
Je m’appelle Shana, j’ai 24 ans et je viens d’accoucher de mon quatrième enfant. Mes trois premiers accouchements se sont bien déroulés. Cependant, je ne m’attendais pas à ce qui allait se passer.
J’ai dû accoucher par césarienne d’urgence, car il y avait une procidence du cordon. Depuis ma césarienne, rien n’est allé comme prévu. Mon bébé a dû être transféré aux soins intensifs en néonatalogie. Ça faisait à peine quelques minutes que mon garçon avait vu le jour qu’il avait déjà de la difficulté à respirer. Sa naissance a été rapide. Il devait déjà se battre pour vivre. Il a dû être ventilé jusqu’à ce que nous soyons transférés au CHUS. Par la suite, une gamme d’épreuves et d’émotions m’ont habitée. Je ne pouvais pas croire que mon dernier accouchement s’était déroulé de cette façon. Une fois les pieds bien présents dans l’unité néonatale, j’ai réellement compris que la vie va vite. J’ai réalisé que ces gens, peu importe le domaine dans lequel ils œuvrent, sont là pour nous malgré la situation. Je ne pouvais pas croire le nombre de petits êtres qu’il y avait dans cette unité, et tous ces gens, jour et nuit, qui étaient là pour s’occuper d’eux.
Dans cette unité, il y a toujours des larmes. Cependant, ce ne sont pas que des larmes de tristesse. Il y a également des larmes de joie. Même si on y reçoit des nouvelles au compte-gouttes, on doit savourer chaque petit moment et chaque grande victoire. Aux soins intensifs, on y va une heure à la fois, car effectivement, il peut y avoir quelques rechutes.
La première fois que j’ai dû laisser mon bébé pour m’occuper de mes plus grands, j’avais le cœur en miettes. Je ne pouvais pas croire que certains parents devaient rentrer chez eux sans leur bébé. Une fois que j’ai été seule, mon corps a commencé à prendre conscience de ce qui se passait. On a une sensation de vide, on a déjà les hormones déréglées, les yeux qui pleurent jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de larmes, le ventre vide, plus rien ne bouge, les coups fantômes. La sensation de ne plus se reconnaître.
Il y a celles qui, tout comme moi, ont vécu un accouchement qui ne s’est pas déroulé comme prévu. On doit l’admettre, on pense toujours que ça arrive juste aux autres.
Nous sommes restés aux soins intensifs pendant 15 jours. J’ai été 15 jours à virer sur une batterie complètement vide, à sec; 15 jours de larmes à devoir m’arracher le cœur entre les deux moitiés de ma famille; 15 jours à vivre dans la peur et l’inquiétude. J’ai été 15 jours à vivre et à prendre le temps de vivre pour me rendre compte que ce n’est pas quand il y a des problèmes comme celui- ci qu’on doit apprendre à vivre ensemble et à profiter de chaque moment. Ces 15 jours m’ont paru une éternité. Comprendre la réalité de ces parents m’a appris à aimer encore davantage la vie, et ces enfants m’ont appris à quel point ils sont faits forts et qu’ils se battent pour rester vivants.
Chaque parent se dit qu’un jour, ce sera son tour de quitter l’unité néonatale. On est jaloux de voir des familles quitter l’hôpital, on reste positifs et puis vient le jour où on est enfin réunis.
Ces quelques lignes avaient pour but de vous rappeler que la vie ne tient qu’à un fil. On doit vivre et prendre le temps de vivre ensemble, car un jour, il sera trop tard.
 Shana Maheux
Milan
Centre d’éducation des adultes
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 ZIG ZAG - La voix des jeunes de la MRC du Granit CENTRE D’ÉDUCATION DES ADULTES


















































































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